Après la progression de l’ambroisie, sur terre, et celle du redoutable crabe bleu, de plus en plus fréquent sur le littoral et dans les étangs, un nouveau signal de modification de la biodiversité se présente en Pays Catalan. Depuis 2020, le “Photinus signaticollis” a amorcé une progression rapide. Cette luciole sud-américaine a été observée pour la première fois dans la commune de Maureillas-las-Illas, l’été 2020. Sa présence dans la commune du Bas-Vallespir n’est pas anodine, car ce coléoptère, dont le déplacement particulièrement rapide est évalué à 10 km par an, est remonté de Catalogne du Sud, qu’il a préalablement colonisée. Sa première détection sur la péninsule ibérique a été faite en août 2018 dans la province de Girona.
Une espèce fréquente en Argentine et Uruguay
Insecte surprenant, cette espèce émet une lumière clignotante, de couleur jaune-orangée, lorsqu’elle est en vol. Ce phénomène de bioluminescence résulte d’une réaction biochimique lors de laquelle l’enzyme dite “luciférase” provoque l’oxydation d’une petite molécule nommée “luciférine”. La luciole en question pourrait être invasive, selon une équipe du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l’Université Complutense de Madrid, qui ont publié une étude sur le sujet, le 29 janvier. En association avec le Groupe Associatif Estuaire, qui assure le suivi des vers luisants et lucioles en territoire français, les chercheurs effectuent une cartographie de cette espèce sud-américaine, qui se nourrit de vers de terre et présente de fortes dispositions à s’adapter aux latitudes européennes. Fréquente en Argentine et en Uruguay, elle envahit les prairies de fauche et les cultures intensives.
Les scientifiques s’interrogent sur les méfaits, à long terme, de cet invité surprise dans le monde de l’entomologie. Visible de juin à novembre, ce Photinus signaticollis offre un spectacle nocturne composé de dizaines de loupiotes naturelles intermittentes, aussi étonnantes que mystérieuses.
