La Clau
Tabac 262% moins cher en Andorre et 215% en Espagne : la délicate harmonisation

La France souhaite “l’harmonisation par le haut de la fiscalité applicable au tabac, au sein de l’Union européenne », a déclaré Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics, le 14 octobre. Ce projet sera introduit lors de l’accession d’Emmanuel Macron à la présidence tournante de l’Union, à partir du 1er janvier 2022. Un rapprochement des tarifs est incertain à court terme, difficile à moyen terme et éventuel à long terme, car le prix des cigarettes est intimement liée au pouvoir d’achat et à la moyenne du niveau de vie des pays, hormis certains cas isolés, comme l’Andorre.

Le projet français semble principalement voué à contenter les débitants de tabac français, alors que 14 à 17% du tabac consommé en France n’est pas acheté en France. Cette proportion est bien supérieure en Pays Catalan, mais aucun chiffre officiel ne vient étayer l’impression commune. L’État révèle simplement que le tabac venu de l’extérieur représente jusqu’à 27% dans les zones frontalières.

Ces chiffres sont basés sur issus de la moyenne relative à 5 marques communes : Marlboro, Camel, Philip Morris, Winston et Lucky Strike. Ils sont traduisibles par une tarification inférieure de 262% en Andorre et de 215% en Espagne, par rapport au territoire français. En Andorre, le prix, à discrétion des commerçants, peut même descendre à 3,50 euros. Cet “avantage”, couplé aux hausses de prix françaises, renforce mécaniquement les petits et de grands trafics dans les régions de Perpignan et de Toulouse.

En France, 82% de taxes sur un paquet

Le prix des cigarettes en France, à l’exemple du paquet de Marlboro, a franchi le seuil symbolique de 10 euros le 1er mars 2020. A compter de ce 1er novembre, la vingtaine de blondes ou de brunes coûtera 10,10 euros en moyenne. Sur ce tarif, environ 5,85 euros correspondent au “droit de consommation sur les tabacs”, intégralement encaissé par l’Etat, tandis que la TVA représente 16,7% du prix. Un paquet français est ainsi composé de 82% de taxes, de sorte que l’hypertrophie du prix relève relève d’un choix politique et non économique. Les tarifs en vigueur en Espagne et en Andorre restent ainsi plus attractifs en raison d’une tradition fiscale moins gourmande. Le comparatif vaut aussi avec l’Italie et en moindre mesure avec la Belgique.

L’incertaine harmonisation en Andorre

L’harmonisation souhaitée par la France vise aussi l’Andorre, qui n’est cependant pas membre de l’Union européenne. Le ministère des affaires étrangères du petit État des Pyrénées a communiqué cette intention le 15 octobre. Mais le différentiel abyssal des prix du tabac entre les deux pays, ajouté au modèle économique andorran, partiellement fondé sur le fait transfrontalier, semble devoir entraver l’harmonisation. Ce projet général devra être accepté par l’ensemble des partenaires européens, afin, en réalité, de régler un problème hexagonal.

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