La Clau
« Sans la Catalogne, l’Espagne sera éjectée de l’euro »

L’augure d’élections législatives à l’issue desquelles le Parlement catalan comporterait 70 % de députés souverainistes au 25 novembre échauffe les esprits, de Barcelone jusqu’à Madrid. Le 8 octobre, le ministre espagnol de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardón, a développé un argumentaire littéralement apocalyptique pour décrire les conséquences d’une Catalogne indépendante. Invité par le Cercle de l’Economie de Barcelone, le ministre n’a pas hésité à indiquer que la souveraineté de ce territoire « éjecterait l’Espagne de la zone euro ». Cette intervention solennelle, hantée par la crainte de l’Etat espagnol face à ce qu’une progressive majorité catalane perçoit comme un espoir, a comporté une profondeur inédite. Jugeant que « L’Espagne ne peut se comprendre elle-même sans la Catalogne », M. Gallardón a effectué un aveu rare, selon lequel une prise d’indépendance catalane confinerait l’Espagne à une période de difficultés économiques « insolubles » pendant plusieurs générations. Tout en estimant que « l’Espagne n’est pas un problème, pas plus que l’indépendance n’est la solution », le chancelier ibérique a fourni une nouvelle preuve de la fébrilité qui habite le Palais de la Moncloa, siège du gouvernement de Mariano Rajoy à Madrid. Face à l’inconnue de l’avenir et d’un probable référendum autour de la création d’un Etat catalan, le ministre a même commis un impair stratégique, en déclarant « La Catalogne a raison lorsqu’elle dit avoir besoin de structures d’Etat pour défendre ses citoyens ».

Boycott de la Journée nationale espagnole, le 12 octobre

En marge des affirmations ministérielles, un éloignement de la Catalogne gouvernementale envers les signes distinctifs espagnols progresse avec certitude. Le 9 octobre, dans ce qui ressemble à une prise d’indépendance dans les faits, le président catalan, Artur Mas, a communiqué son absence lors du défilé militaire traditionnellement organisée à l’occasion de la Journée nationale espagnole, le 12 octobre. Peu avant, la mairie de Girona autorisait ses employés municipaux à travailler à cette date, bien qu’elle fasse partie des jours fériés sur le calendrier officiel. Sur ce même principe, la puissante chaîne de supermarchés catalane Bonpreu ouvrira la plupart de ses enseignes ce même jour. L’attitude adoptée dans ces trois cas est une défense du 11 septembre, Journée nationale de Catalogne selon le calendrier officiel en Catalogne du Sud.

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