La Clau
Renault importe en secret ses véhicules fabriqués en Espagne

Une nouvelle liaison de transport de marchandises a été testée avec succès, le 18 décembre, entre la France et l’Espagne. La société Pecovasa, filiale de l’entreprise publique espagnole Renfe Mercancías (Renfe Marchandises), a lancé sur les rails un train porte-véhicules d’une longueur record de 700 mètres, pour 356 tonnes. Ce serpentin impressionnant, composé de 22 wagons spéciaux, a quitté Valladolid, dans la partie centrale du Nord de l’Espagne, pour rejoindre Flins-sur-Seine, dans le département des Yvelines, après transfert à Hendaye et prise en charge par la société française privée Euro Cargo Rail. Il a transporté 286 véhicules Renault fabriqués à Valladolid, où une usine Renault inaugurée en 1964 assemble actuellement et en exclusivité le crossover urbain Captur, à hauteur de 5.200 unités par semaine, ainsi que le biplace électrique Twizy.

Une information silencieuse et gênante

Cette formule renforce la compétitivité de Renault par la mise à profit des facilités espagnoles, aux portes de la France. L’énergie économisée, comparée au transport de véhicules par semi-remorques si abondant sur les autoroutes, égale la consommation électrique de 11.000 foyers, et 43 tonnes de gaz à effets de serre sont évitées. L’avantage représentant 19.000 euros, cette évolution de la chaîne logistique par le ferroutage sera permanente dès 2015. Justement, une autre usine Renault implantée en Espagne, à Villamuriel de Cerrato, 50 km au Nord de Valladolid, recrutera 800 personnes pour fabriquer un nouveau crossover, la Mégane SUV. Renault Espagne, qui exporte 90 % de sa production vers le reste de l’Europe, notamment en France, écoulera ainsi une production importante, plus vite et moins cher. En marge du fret, les usines espagnoles sont manifestement plus productives et flexibles, avec un coût salarial horaire de 22 euros, contre plus de 35 euros en France. Mais le silence qui entoure ces changements interroge la compétitivité française. Sur ce principe, en mai 2013, nous révélions la création de 1000 emplois chez Peugeot Espagne lorsque s’annonçait la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-bois, en région parisienne. Les firmes automobiles françaises déploient naturellement des stratégies européennes, mais elles évitent de s’en vanter.

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