Les grands syndicats patronaux des Pyrénées-Orientales et de la région de Girona, PIMEC (Petite et Moyenne Entreprise) et l’Union Patronale 66 (UPE) entament un processus de rapprochement. Tout en gardant leur distances, en vertu des concurrences silencieuses entre les deux territoires, leur représentants, respectivement Marc-Wilfrid Espi et Iñaki Frade, ont signé mercredi un accord visant à renforcer les liens économiques. Ce protocole vise à créer un « Conseil patronal transfrontalier », appelé à intervenir branche par branche et à favoriser un marché de l’emploi fondé sur la « mobilité domestique », selon les mots des décideurs, réunis pour cette occasion à Girona. Sur le principe, les entreprises des deux territoires, 2000 au nord et 7000 au sud cataloguées par les patronats, seront encouragées à faire des affaires entre elles, tandis qu’un réseau, préexistant, devra acquérir progressivement davantage de formalité. Ce projet concerne également le financement des entreprises et la dynamisation des cursus universitaires penchés sur la gestion de PME-PMI transfrontalières, tout en « supprimant les contraintes sociales et administratives du territoire”, selon M. Frade, un rien ambitieux.
La difficulté majeure de ce projet, sans calendrier précis, repose justement sur l’abîme culturel qui sépare les deux zones, dont le seul lien historique, antérieur à la France et à l’Espagne, est devenu économique caduque au XXe siècle. En effet, la région de Perpignan est dépendante des capitaux publics depuis la décennie 1980, tandis que la région de Girona accentue, depuis le début de la crise, une conception toute anglo-saxonne de l’économie. D’autre part, les différentiels fiscaux, le nombre d’heures travaillées ou encore les structurations sociales disparates constituent de réels freins, auxquels s’ajoute une composante culturelle. En effet, la France a exprimé sa défiance envers l’introduction de « l’esprit d’entreprise », proposée par la Commission Européenne, en 2006, « de l’école primaire à l’Université ». En revanche le fonctionnement libéral de l’Espagne, où même la gauche politique promeut le secteur privé, s’accompagne d’un sondage réalisé sur le réseau Internet Tuenti et publié ce jeudi, selon lequel 44% des jeunes souhaitent créer leur entreprise.