La Clau
L’Université de Perpignan repousse son autonomie à plus tard

La marche vers l’autonomie engagée par l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD) subit actuellement un ralentissement, avoué vendredi par son président. Dans un bref communiqué, le président du campus du Roussillon, Jean Benkhelil, indiquait « surseoir au passage de notre établissement aux Responsabilités et Compétences Elargies ». Ce changement du mode de fonctionnement des universités françaises, contenu dans la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités, dite Loi L.R.U., d’août 2007, était prévu pour Perpignan au 1er janvier 2011. Le président, « après en avoir pesé et mesuré toutes les conséquences » avec ses collaborateurs, a choisi de ne pas s’engager dans la voie européenne suggérée par le texte, adopté sous la houlette de la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. M. Benkhelil a argumenté en s’appuyant sur un « contexte universitaire national actuel » qui n’offre pas à l’UPVD « des garanties et des moyens suffisants pour prendre en charge sereinement ces nouvelles responsabilités ». Les Responsabilités et Compétences Elargies (RCE) contenues dans la loi L.R.U. supposent que Perpignan prennent en charge la rémunération des personnels universitaires, dans une nouvelle approche globale et accrue des ressources humaines et de la masse salariale. Elles induisent également une certification financière contrôlée par un commissaire aux comptes, ou encore la création d’outils d’audit interne et surtout de pilotage financier.

En prélude de son émancipation, l’Université de Perpignan a lancé en septembre 2009 une fondation à caractère public-privé, qui regroupe actuellement 19 partenaires. Cependant, l’autonomie comportant par définition une initiative territoriale accompagnée d’une aide de l’Etat, la libéralisation du marché de la connaissance encouragée par le gouvernement Fillon I, dans une adaptation aux pratiques banalisées dans le reste de l’Union européenne, se heurte à la réalité du Roussillon. Le président de l’UPVD précisant en ce sens « nous attendons un accompagnement fort et significatif de la part de notre tutelle pour préparer au mieux cette échéance ». Dès les prochaines semaines, l’Université de Perpignan consultera les établissements français fonctionnant en Responsabilités et Compétences Elargies, pour apprendre à voler de ses propres ailes. Prudent, M. Benkhelil explique ce recul, consécutif à des intentions personnelles relativement favorables à l’autonomie. Il s’agit pour lui de « protéger au maximum nos étudiants, personnels et plus largement notre établissement ». L’autonomie universitaire, qui a fait l’objet de mouvements d’opposition à Perpignan, constitue une révolution des mentalités, dans le cadre de la décentralisation. A ce titre, son échec momentané en Pays Catalan est très justement plein d’enseignement.

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