La Clau
L’immobilier empêche l’agriculture en Roussillon

Pour la première fois, un responsable économique des Pyrénées-Orientales ouvre le débat sur la concurrence foncière entre zones résidentielle et terres agricoles. En effet, l’orientation touristique du Pays Catalan engagée en 1963 par le gouvernement de Gaulle a métamorphosé sols et paysages : en Roussillon, des vignes, des champs et des vergers ont été lotis, dans une tendance lourde, étendue aux autres secteurs du territoire. Le 26 mars, Jean-Pierre Baills, président de la coopérative La Melba, de Bouleternère, affirmait ainsi « si on trouvait 200 hectares, on les prendrait », dans le magazine économique La Lettre M. Sa florissante entreprise productrice de pêches, d’abricots et d’oranges maltaises, a actuellement besoin d’étendre ses surfaces pour honorer sa croissance, mais la terre devient un bien rare et cher. Le dirigeant estime que le « non-renouvellement générationnel », le « défaut d’installation » et la « spéculation foncière » sur les terres arables provoquent cet empêchement. Au plan général, l’arboriculture du Roussillon a perdu 700 hectares depuis 2008, notamment par la concurrence foncière, issue d’un attrait pour le soleil, désormais adversaire de l’économie paysanne.

Protéger la terre face à l’immobilier

En 2012, l’ancien maire des Angles, qui ne s’est pas représenté en 2014, marquait son intention de freiner les aménagements immobiliers dans sa commune. Cet élu sans étiquette a refusé que sa localité, tournée par défaut vers les sports d’hiver, leur offre tout son potentiel. Confronté à un projet immobilier supplémentaire, il a engagé une politique de préemption de terrains, pour créer des réserves destinées un jour à de nouvelles activités économiques. Cette mesure, qui détonne dans un département où le lotissement s’est inscrit au registre de l’argent facile pour les communes, anticipe le réchauffement climatique, qui peut menacer les modèles économiques exclusivement fondés sur les loisirs saisonniers, spécialement en montagne. Sur un autre mode, dans le style de ses débuts, le magazine La Clau a entrouvert le débat en 2007, sous la formule choc « Béton ou pinard« , afin de sonder les habitants de la région du Vallespir sur les grands choix de demain.

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