La Clau
La crise de l’aéroport de Perpignan, sur le grill des candidats à la CCI

L’avenir de l’aéroport de Perpignan interpelle les deux listes candidates aux élections de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Perpignan et des Pyrénées-Orientales, qui divergent sur les stratégies à employer. La liste menée par l’actuel président Bernard Fourcade, a fourni ce mercredi son argumentaire sur le sujet, en insistant sur une gestion « sous l’égide des institutions territoriales ». Actuellement, la Région Languedoc-Roussillon est à 70% propriétaire de la zone aéroportuaire du Roussillon, au sein d’un syndicat mixte complété par l’Agglomération de Perpignan Méditerranée Communauté d’Agglomération et le Conseil Général des Pyrénées-Orientales, chacun à hauteur de 15%.

Le tarmac des Pyrénées-Orientales, déclassé par l’Etat en mars 2007, assiste impuissant au développement sur le long terme des aéroports de Carcassonne, Girona et Montpellier, avant un changement de statut. Sa gestion sera vraisemblablement assumée au 1er janvier 2011 par un consortium public-privé, possiblement composé de la société Vinci et de la même CCI. La liste des sortants souhaite « doubler le nombre de compagnies » présentes et implanter de nouvelles entreprises, notamment de maintenance, sur le pôle aéronautique. Elle présente aussi un bilan de 65 millions d’euros de retombées économiques sur le territoire, mis en parallèle avec un soutien d’1,3 million d’euros au titre du marketing aérien, offert aux compagnies aériennes. Pour demain, l’Union Economique menée par Bernard Fourcade espère atteindre un niveau de 600.000 passagers annuels, contre 425.000 actuellement, par l’intermédiaire de l’installation de nouvelles compagnies low cost assurant une liaison avec Paris et à « l’international ».

Cette suggestion positiviste est contrecarrée par la prise de position de la liste « Ici et maintenant » du candidat Bruno Delmas, qui dénonce un aéroport « de brousse », qu’elle juge « au bord du crash » et représenter « LE symbole » de l’échec de Bernard Fourcade, à l’issue de 10 ans de présidence. Sans détours, la liste du changement annonce 34% de trafic en moins, une aérogare qui « se délabre de jour en jour » et un « parking mal éclairé ». Assurant que les finances de l’ensemble sont au pire, la liste Delmas dénonce un soutien financier de la CCI et trouble les esprits, en rappelant le remplacement, par Air France, depuis début octobre, des Airbus en provenance de Paris par de simples avions Focker limités à 100 places. Cette critique effrénée, qui évoque une « déchéance » de l’aéroport, vise aussi le prix prohibitif du billet Paris-Perpignan, soit 400 euros pour un aller-retour. Mais les candidats font l’impasse sur la raison majeure de cette situation, imputable à la politique conquérante de l’aéroport de Girona.

A la barbe d’un Roussillon hypnotisé par une solidarité imaginaire du Sud, les efforts de Girona ont engendré un paradoxe. En effet, cet aéroport, désormais mieux reliée à la France que Perpignan, affichait en 1996 un volume de 480.000 passagers, porté à 5,3 millions en 2009, avant le tassement temporaire de la crise. La liste Delmas imagine un programme d’investissement, une stratégie commerciale « plus agressive » avec le low cost, et une amélioration des prix. Les opposants à l’actuelle Chambre, pointant une stratégie empirique, réprouve un financement « déraisonnable » des compagnies à prix massacrés, sans citer nommément l’opérateur Ryanair. Enfin, le candidat Delmas, qui doit prouver, en nouveau venu dans l’arène, une certaine maîtrise des dossiers, tente de mettre au tapis les chiffres officiels du trafic de touristes anglais, brandis par M. Fourcade. Ce dernier évalue à 52 millions d’euros le bénéfice direct aux commerces de Perpignan, en 2009, notamment fourni par les supporters des équipes adverses des Dragons Catalans. La tête de liste « Ici et maintenant » évoque des données « bidon », qui correspondent à une somme de 631 euros par passager.

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