La Clau
Artur Mas ouvre les portes de la Catalogne à la SNCF

Pendant que le ministre-conseiller du Territoire du gouvernement catalan, Santi Vila, achevait ce 3 juin une visite en Algérie en compagnie d’une délégation d’entrepreneurs de Catalogne, son Président était à Paris. Artur Mas, chef du gouvernement de la Generalitat de Catalogne, a signé une convention inédite avec l’Unesco, par laquelle les fonctionnaires gouvernementaux catalans travailleront directement avec cette branche de l’ONU consacrée à l’Education et à la Culture, sans s’en référer au gouvernement espagnol. Pour M. Mas, cette reconnaissance de compétence, scellée par la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, est un « pas en avant ». Elle a précédé la participation de l’intéressé à la session plénière de l’Unesco, organisée sur le thème « La transition est-elle enclenchée ? », en présence de 2000 dirigeants mondiaux. Son intervention a permis à l’artisan du processus vers l’indépendance de promouvoir un « changement de mentalité », conduisant vers un « nouveau modèle économique durable », permettant de « créer davantage d’emplois ».

La SNCF, attendue comme opérateur à Barcelone en 2016

Le point culminant de cette journée française était un repas de travail réunissant Artur Mas et le président de la SNCF, Guillaume Pepy, pour une échange de vues sur les velléités françaises en Catalogne. L’éventualité d’une entrée de la France sur le marché des trains de banlieue barcelonais a été évoquée, M. Mas souhaitant ostensiblement remplacer la société nationale espagnole RENFE. Le président catalan estimait que les autorités françaises « ont envie d’agir en Catalogne » en mettant à profit la libéralisation du marché ferroviaire, attendue pour le mois d’août. Dans le cadre d’une émancipation politique en construction, les autorités catalanes, qui déploient une opération de charme, engagée vers de nouveaux partenariats alternatifs à l’Espagne, usent ainsi de stratégies nouvelles. M. Mas citait ainsi la SNCF comme « grande compagnie européenne », tandis que l’échéance 2016 était évoquée pour une éventuelle participation française sur le sol catalan, dans le cadre du renouvellement du contrat actuel, actuellement noué avec la RENFE.

La diplomatie catalane, à Sciences Po Paris

Les intentions catalanes se déploient aussi cette semaine au travers de la structure Diplocat, fondée en novembre 2012 par le gouvernement catalan. Ce sérieux embryon de diplomatie d’Etat entame une série de débats publics concernant la future consultation sur la création d’un Etat catalan, prévue courant 2014. Vendredi 7 juin, l’Institut d’études politiques de Paris Sciences Po accueille ainsi une conférence technique intitulée « La loi au service des peuples : le Droit à décider en Catalogne ». Le professeur de droit public Guillaume Tusseau et le secrétaire général de Diplocat Albert Royo présideront cette séquence où sont attendus le président de l’Institut de Recherche et d’Innovation (IRI) du Centre Pompidou, Josep Ramoneda, l’ancien correspondant du journal Le Monde à Londres, Patrice de Beer, et le professeur de Sciences Po Astrid von Busekist. Cette étape, qui en précède d’autres au sein de l’Union européenne, ouvre la voie à l’internationalisation de la Catalogne, dans une démonstration d’indépendance intellectuelle, à vocation politique. Cette optique reste condamnée par le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui déclarait le 1er juin : « pour figurer parmi les Etats euripéens, il faut être grand. Les petits ne comptent pour rien ». Artur Mas évoquait le lendemain les pays de petites dimensions et citait « la Suisse, la Suède, le Danemark, l’Autriche et la Finlande », qu’il estimait « plus compétitifs » et jouissant d’une « qualité de vie » supérieure. Le président catalan leur opposait l’Espagne, un « grand pays » souffrant de « 27% de chômage », et mettait en avant l’Autriche, un « petit pays » dont le taux de sans-emploi n’est que de « 4 % ».

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