La Clau
1800 euros par TGV: le droit de passage exorbitant du tunnel du Perthus

Le tunnel ferroviaire du Perthus, utilisé depuis 2010, n’en finit pas d’inquiéter ses exploitants, car ils fonctionner en sous-régime. Cette infrastructure de 8,3 km constitue, avec les 44,4 km de Ligne à Grande Vitesse (LGV) de Perpignan à Figueres, un ensemble commercial mis à la disposition de grands clients : les transporteurs de marchandises (fret) et les compagnies ferroviaires SNCF et RENFE, qui y font circuler les TGV et AVE. Ce maillon non rentable, en faillite en 2015, a subi une baisse de trafic de 40 % en 2020, en raison des répercussions internationales du Covid-19 et des droits de passage. Lors de chaque semaine du mois de mars 2021, il n’a été traversé que par 58 trains, soit 30 convois de marchandises et 28 TGV ou AVE. Bien trop peu pour ne pas perdre d’argent.

Un droit de passage exorbitant

Le passage d’un convoi de voyageurs entre Perpignan et Figueres, par le tunnel du Perthus, coûte la somme extraordinaire de 1800 euros, contre 180 à 200 euros, voire moins, sur un quelconque tronçon espagnol équivalent. Pour le fret, 822 euros sont exigés pour chaque passage, contre 50 euros. Les tarifs actuels sont destinés à justifier l’existence et tenter de rendre efficace la société franco-espagnole LFP Perthus (propriété de SNCF Réseau et de son homologue espagnol Adif), concessionnaire de ce tronçon bien particulier. Le modèle économique de ce maillon, fixé dès le début des années 2000, visait 70% de recettes issues du fret et 30 % provenant des TGV et AVE. Mais l’absence de connexion efficace entre le réseau ferré et le port de Barcelone, incontournable pour le départ et l’arrivée de marchandises, plombe le fonctionnement de la ligne. Côté voyageurs, le billet de TGV est bien trop cher pour un usage fréquent.

Pas si loin du Train Jaune…

La mise sous respiration artificielle par les Etats , selon une culture de la subvention à fonds perdus qui rappelle trait pour trait la gestion du Train Jaune de Conflent et Cerdagne, reste la seule façon de croire à cette jonction nord-sud, en dehors de tout réalisme économique.

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