La Clau
Visa pour l’Image: Johannesburg plutôt que Perpignan et Barcelone

Parmi ses 22 expositions, le Festival international du photojournalisme Visa pour l’Image, attendu du 1er au 16 septembre, se penche sur l’Afrique du Sud. Une série photographie signée James Oatmay, intitulée « Les fourmis rouges », aborde la cruauté et la violence d’agents de sécurité spécialisés dans les expulsions. Ces salariés armés de boucliers et de pieds-de-biche, aux agissements de miliciens, sont coiffés de casques rouges. Parfois, 600 d’entre eux sont mobilisés sur des actions de type militaire. Visa pour l’Image reste ainsi fidèle à sa tradition de jugement du monde, par sa mise en évidence de problématiques étrangères, à l’évocation aisée, tout en évitant les situations semblables, observables en France, mais à l’évocation trop osée. Cette exposition dénonce l’éjection des habitants de bâtiments désaffectés et dangereux situés dans la vieille ville de Johannesburg. Son aperçu souligne : « Si ces immeubles sont occupés illégalement par des délinquants et des toxicomanes, ils abritent également des familles désespérées qui n’ont nulle part où aller ».

Quand la presse majoritaire se tait

On pourra s’étonner de la presbytie du grand forum de l’image, qui élude les destructions d’immeubles du quartier Sant-Jacques de Perpignan et les brutalités policières espagnoles contre les électeurs, le 1er octobre 2017 en Catalogne du Sud. Ces faits, pourtant sensationnalistes, seraient compromettants en cas de mise en exposition. Cet évitement de sujets est intellectuellement indéfendable sans contorsions, douteuses et répétées. Les limites de Visa pour l’Image, festival objectivement politique, se posent une nouvelle fois, après les alertes inhérentes à la disparition du métier de photojournaliste lancées dès 2011 par son fondateur et directeur, Jean-François Leroy. La presse majoritaire, conformiste face au sacré et à la crainte de représailles sur ses recettes publicitaires, évite aussi ce sujet, mais certains journalistes perpignanais avouent, dans la sphère privée, la sélectivité de Visa pour l’Image.

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