La Clau
Visa pour l’Image discrédité par une fausse exposition

Le festival international du photojournalisme Visa pour l’Image de Perpignan et son président Jean-François Leroy, justicier hexagonal de l’information avérée, probante et éclairante sur notre présent, se sont fait flouer. La dernière édition du forum de le la photo de presse a présenté une exposition de composition, entièrement imaginée par son auteur. Cet artiste du fake est Jonas Bendiksen, un photographe norvégien qui a présenté “Le Livre de Vélès” lors d’une projection en plein air au Campo Santo, le 3 septembre.

Visa pour l’image, un bientôt anachronique ?

Malgré les commentaires laudatif de la critique convenue et du directeur de l’événement, cette série photographique est une chef d’oeuvre de fake news. Son auteur, qui s’est dénoncé très honnêtement dans une interview accordée à son agence de rattachement, Magnum, a révélé que toutes les photographies présentées étaient fausses. Sa manigance marrante est explosive, car elle démystifie Visa pour l’Image, un festival possiblement fatigué, dépassé par notre temps.

Cette fausse exposition est passée sous les radars de la société parisienne 2e Bureau, organisatrice du festival, et du public confiant. Le génie de son concepteur repose sur la compréhension de l’époque. De quoi s’agit-il ? En 2016, lors de la campagne électorale pour la présidence des USA, la ville nord-macédonienne de Vélès est devenue un lieu de fabrication de fausses informations à vise stratégique. Jonas Bendiksen, habité par la question des fake news, s’est alors questionné sur les faits tels qu’ils sont, et les moyens de leur vérification. Sur place, il a effectué des clichés de bureaux, de paysages et de logements vides.

Ces preuves oculaires ont suffi à nourrir les appétits de dénonciation du festival, après manipulation des images en 3D, abondante sollicitation de l’intelligence artificielle. Il en ressort une interrogation abyssale sur le vrai et le faux, le vrai-faux ou encore l’idée que l’ont se fait des choses, lorsque l’idéologie tient lieu de prisme.

En réponse à cette étonnante supercherie, Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’Image, fait amende honorable “Aucun système n’est parfait […] et nos équipes ne peuvent pas prétendre être infaillible. […] L’audace insolente de Jonas Bendiksen a, pour le meilleur ou pour le pire, soulevé le problème à un niveau qu’on n’aurait pas cru possible. Notre responsabilité envers l’industrie du photojournalisme et notre public est d’avoir ce débat à Perpignan lors du prochain festival ».

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