La Clau
Que reste-t-il vraiment de Jordi Barre ?

Décédé le 16 février 2011 à son domicile de Ponteilla, le chanteur, musicien compositeur et danseur Jordi Barre a marqué la deuxième partie du XXe siècle en Pays Catalan. Né en 1920 à Argelès, l’artiste polyvalent a su chanter les beautés et les souffrances du territoire, . Né Georges, devenu Jordi dans les années 1960, adulé par un très large public composé de Catalans de souche comme de coeur, Jordi Barre a affiché un long parcours, débuté dans le Perpignan des années 1930, puis épousant toutes les périodes.

Témoin de l’arrivée de la pop music et du tourisme de masse, attentif à ce qui plaisait au public, le chanteur a su s’entourer d’auteurs variés, dont le turn over lui a offert une variété de thèmes : Joan Tocabens, Joan Planells, Jordi Pere Cerdà et Joan Cayrol. Celui qui prenait Francis Cabrel comme référence pour la fraîcheur des textes a puisé aux sources fécondes de la Catalogne du Nord, en misant à chaque instant sur le public populaire. Identitairement, Jordi Barre est né juste à la bonne époque, lorsque la vie culturelle et sociale, notamment à Perpignan, était une émerveillement permanent. Dans la mouvance lancée par les frères Albert et Louis Bausil, il apprendra et pratiquera le violoncelle, le piano, les claquettes, le chant et la direction d’orchestre. Puis, il fera danser des dizaines de milliers d’habitants des Pyrénées-Orientales, avec l’Orchestre Georges Barre.

De superbes chansons condamnées à disparaître

En 2021, le leg de Jordi Barre est symbolique plus que consistant, le propre biographe de l’artiste, Jaume Queralt, étant lui-même décédé en 2020. La carrière posthume de l’artiste ne bénéficie pas de l’entretien porté à celles, toute proportions gardées, de Claude François, Daniel Balavoine, John Lennon ou Franck Sinatra. Le passage du chanteur en 1983 à l’Olympia (Paris) et en 1994 à l’Espai (Barcelone), après des passages en Angleterre et au Japon, ne semblent pas suffire à consolider la postérité concrète.

Faute de rééditions discographiques classiques, qui pourraient comporter la diffusion d’inédits, le réseau YouTube assure un relais amateur au chanteur, qui possède sa page commémorative sur Facebook. Des dizaines de chansons repiquées sur des CD et des 33 tours vinyles circulent ainsi sur Internet, par la seule volonté des admirateurs. La chance vient des plateformes de diffusion Spotify et Deezer, où la diffusion des premières chansons de Jordi Barre, enregistrées en 1963, ainsi que ses albums “Dona” et “Sóc”, mais les titres ses plus emblématiques, comme “Toquen les hores” et “Jo sóc de Perpinyà” restent le privilège de ceux qui les connaissent déjà. Ces chansons, au contraire de celle de Kurt Cobain ou Dalida, sont condamnées à disparaître d’un patrimoine culturel collectif.

Parallèlement, une formation musicale baptisée “Cantem Jordi” présente régulièrement un programme de reprises de chansons de l’artiste. Ce groupe entourant le chanteur Michel Cazenove perpétue à sa façon une oeuvre qui raconte une période et des latitudes particulières.

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