La Clau
Perpignan : la cité fantôme de Ruscino s’entrouvre au public

L’exceptionnel site archéologique de Ruscino, ancêtre de Perpignan et origine du nom « Roussillon », s’ouvre furtivement dimanche 9 juin. Cette cité antique, maillon d’un réseau indispensable incluant Empúries et Illiberis, Massalia ou encore Lattara, situé de la plaine de l’Empordà jusqu’à Marseille, sera visible pendant trois heures, à l’occasion des Journées nationales de l’archéologie. A 400 mètres d’un centre commercial Carrefour, au sein de la zone historique Château Roussillon, encore rurale mais dévolue aux lotissements, Ruscino constitue un anachronisme. Du haut de ses 27 siècles d’histoire, l’oppidum de Ruscino, occupé par l’Homme depuis le Xe siècle avant Jésus-Christ, comprend un forum découvert en 1908. Ce centre de vie politique bâti sous le règne de l’empereur Auguste, signalant la puissance de Rome, a été achevé environ 5 années après J.C. Seulement connu des spécialistes, ce trésor clôturé, acquis par la mairie en 1973 et situé à 5 km du centre ville, contient une maison protohistorique reconstituée, inaugurée en 2011.

Un site aussi exceptionnel que sous-exploité

Fouillé pour la première fois en 1767 et objet d’une dernière campagne en 2009, Ruscino a livré un forum, une nécropole, des restes de silos, des cabanes en roseaux, argile et pierre, ainsi que des céramiques, tout en dévoilant des pratiques alimentaires ancestrales. L’arrivée des Ibères, à partir du Ve siècle avant J.C., puis la domination domaine, trois siècles plus tard, s’y racontent, tout comme la structuration d’une cité préfigurant Perpignan, ultérieurement implantée à l’intérieur des terres. En 2005, la découverte d’une quarantaine de sceaux munis d’inscriptions en langue arabe, témoins d’un passage des Sarrasins en Roussillon, au VIIIe siècle, a définitivement consacré l’importance de l’ensemble.

125 euros pour visiter un site en stand by

Ruscino n’a pas profité du mouvement de recherche de racines historiques accéléré en Europe au XIXe siècle, traduit depuis en musées numériques, destinations internationales et vulgarisation auprès du public. Une ingénierie adaptée, permettant une exploitation économique, reste absente des destinées des lieux, dont la rareté et l’attractivité fourniraient à Perpignan et au Pays Catalan un argument de tourisme culturel. Imaginé depuis 1985, terminé en 2007 mais non-inauguré, un musée monumental de Ruscino, doté de terrasses et de belvédères, contient les résultats des fouilles, dans 1700 présentoirs. Prêt pour la réinvention mais absent des stratégies municipales, ce site fantôme s’ouvre principalement aux scientifiques, pour un coût de 125 euros.

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