La Clau
L’affaire des fake Terrus résonne jusqu’à Londres, Moscou et Saigon

Vendredi 27 avril, le maire d’Elne, Yves Barniol, révélait une affaire de faux tableaux concernant le Musée Etienne Terrus, ouvert par la commune en 1994. La moitié des tableaux sont des contrefaçons, dont le préjudice global représente 160.000 euros. Secondé par des spécialistes, l’historien de l’art et commissaire d’expositions Éric Forcada estime le nombre de toiles non authentiques à 82. L’artiste Terrus, influencé par les impressionnistes et le mouvement nabi, est parfois cité comme inventeur d’un pré-fauvisme. La mairie d’Elne porte plainte pour faux, usage de faux, contrefaçons et escroquerie, en raison de l’achat de faux tableaux au profit malheureux de la collectivité, entre 1990 et 2010. Le retentissement médiatique international est absolument inédit pour le peintre, touché par une soudaine notoriété. Plusieurs dizaines d’organes d’information évoquent l’affaire, de la publication australienne ABC, titrant « French museum dedicated to painter Etienne Terrus realises half of its art is fake », jusqu’à la Voix du Nord, à Lille, qui écrit « Dans les Pyrénées, un musée découvre que plus de la moitié de ses tableaux sont faux ». Aux Pays-Bas, NOS affirme « Tientallen schilderijen in Frans museum blijken niet echt » (Des dizaines de peintures dans le musée français ne sont pas réelles ») et en Italie, le prestigieux Corriere de la Sera souligne « Il museo francese che ha scoperto che metà dei suoi quadri sono falsi » (Le musée français qui a découvert que la moitié de ses peintures sont fausses). Les fake Terrus figurent également dans les pages « Art » d’autres grands médias, dont Publico au Portugal, dans le Spiegel allemand et sur l’incontournable BBC News, en version universelle en langue anglaise, comme en russe. On évoque la situation en Suède, Norvège, Russie, Roumanie, Hongrie, Croatie, Pologne, Lettonie et Bosnie-Herzégovine. La Finlande annonce « Ranskalaismuseo avasi remontin jälkeen yllätyksellä: puolet kokoelmasta väärennöksiä » (Après sa rénovation, un musée français découvre avec surprise sur la moitié de sa collection est composée de faux). La version vietnamienne de Radio France Internationale (RFI) s’y penche aussi.

Lancement de la carrière posthume de Terrus

En 2015, La Clau relayait la démarche de reprise en main de l’oeuvre de Terrus engagée par l’Association des Amis du Musée Terrus. Nous évoquions alors une « Renaissance du peintre Etienne Terrus », un « célèbre inconnu » qui méritait la notoriété dont l’avait privée son absence des milieux de l’art parisiens. Né à Elne en 1857, mort à dans la même ville en 1922, cet ami d’Aristide Maillol et Henri Matisse, André Derain et Henri Manguin, trouve en 2018 une aubaine inédite. Débute pour lui une carrière posthume à vigueur incertaine, car, malgré la médiatisation internationale, le risque est le feu de paille. En 2022, le centenaire de la disparition du grand peintre du Roussillon devrait peut-être signaler la relance de l’intéressé, dont la cote sur le marché de l’art reste encore sous-évaluée.

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