La Clau
La Roussillon n’a plus honte de la Retirada de 1939

L’épisode historique de la Retirada, qui a jeté, l’hiver 1939, plus de 450.000 républicains espagnols en territoire français, est commémoré cette année comme jamais auparavant en Pays Catalan. Le travail de mémoire étant davantage dépassionné, la progression du temps permet un rappel apaisé des faits, dont le décor le plus marquant est celui des plages du littoral sablonneux du Roussillon. Depuis le 60e anniversaire, célébré en 1999, les Pyrénées-Orientales assistent souvent à un authentique coming-out d’habitants, parfois de personnalités, revendiquant un passé familial autrefois enfoui dans la gêne et surtout le silence. Sur cette dynamique, les villes d’Elne, Argelès-sur-mer et Saint-Cyprien participent au 75e anniversaire des « Caminos de la Retirada » (chemins de la Retraite) en proposant, pour la première d’entre elles, à majorité communiste, un spectacle intitulé « Le trésor de la guerre d’Espagne », le 22 février, et un festival de la bande dessinée sur le thème « Guerre d’Espagne et exil », qui se prolongera le lendemain. Dans ce calendrier mémoriel auquel ne participent pas les mairies du Barcarès et Perpignan, concernées dans leurs périmètres respectifs, le « 75e anniversaire de l’ouverture du Camp de Saint-Cyprien » fera écho à la mise en place d’un camp de concentration de 24 hectares, ouvert sur sa plage le 8 février 1939 par les autorités militaires françaises afin de recevoir 70 000 et 90 000 républicains espagnols et catalans. Le 16 février, un dépôt de gerbe au monument en hommage aux républicains espagnols de Saint-Cyprien réunira le maire UMP, Thierry del Poso, et la mairesse de La Jonquera, Sònia Martínez, membre de Convergence Démocratique de Catalogne (CDC).

Un Mémorial de la Retirada, pour retracer les faits

Pour informer les visiteurs voire susciter un tourisme mémoriel qui reste à coordonner en Roussillon, le parc de Valmy abrite désormais un Mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer, dont l’inauguration se déroulera le 21 février. Dans sa communication, la mairie socialiste évoque un site « consacré à un épisode douloureux de l’histoire de la ville : l’internement de 200 000 républicains ayant fui le Franquisme en 1939 ». Ce nouveau lieu de référence, pudiquement éloigné de près de 2 km de la zone des faits, rappelle que la France d’alors n’était pas encore l’Etat français mené par le maréchal Pétain, mais la IIIe République, dirigée par le président du conseil Edouard Daladier, agrégé d’histoire et membre du Parti Radical.

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