La Clau
La cathédrale primitive d’Elne, vieille de 1450 ans, se révèle au public

Les fouilles développées de 2014 à 2020 à Elne démontrent l’importance capitale de la ville dans l’installation du christianisme en Catalogne du Nord, sous la forme du paléo-christianisme. Ce programme d’excavations, confié au pôle archéologique du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, a débouché sur la découverte et la reconstitution d’un puzzle inédit dans le territoire. Il a mis au jour deux monuments plus ou moins superposés : la cathédrale primitive, située en retrait de l’actuelle, et l’église Sant Esteve. L’enchevêtrement exact reste encore à être reconstitué en intégralité.

Un monument imposant pour son époque

La première cathédrale d’Elne, ou seu vella, découle de la désignation de la cité comme siège épiscopal, dès l’an 571, avec l’évêque Domnus pour représentant. Ce rôle endossé lors du haut Moyen-Âge témoigne du caractère précoce de l’organisation de la chrétienté dans la ville. Les datations effectuées au radio carbone certifient la pleine activité de ce lieu au début du VIIe siècle. Ce point de rendez-vous des fidèles était certainement de toute premier ordre, au regard de ses dimensions : une nef de plus de 30 m de long, de 16 m de large, ainsi qu’une abside de 12 m de diamètre. Cet édifice paléochrétien, en ruine en 898, a probablement failli être emporté lors de l’effondrement partiel de la falaise auprès de laquelle il était fixé. Une nouvelle version, en retrait, sur un sol vraisemblablement plus solide, était consacrée en 917. Il s’agit de la cathédrale actuelle, consacrée à Santa Eulàlia, comme l’ancienne.

Un nouvel atout culturel et touristique

La recherche des contours de la cathédrale primitive d’Elne s’est accompagnée de la découverte de l’église Sant Esteve, qui l’a supplantée, par empilement. Selon les conclusions des fouilles, ce lieu de culte plus modeste, consacré en 934, semble avoir en sa propre version primitive, qui correspondrait à l’actuel chevet de l’actuelle cathédrale. Cette église Sant Esteve, réaménagée entre le XIe et le XIIIe siècle, a été détruite au XVIIIe siècle. Au total, le patrimoine religieux de la ville d’Elne, sur ce plateau, dit des Garrafes, est composé de quatre monuments, mais seule subsiste la cathédrale. Les raisons exactes des déplacements et des reconstructions, liées aux stratégies de l’Église, restent à déterminer.
Pour la ville d’Elne, la révélation de ce gisement archéologique est une ressource culturelle et touristique de premier niveau, car l’ensemble cathédral actuel s’enrichit de “nouveaux“ apports aptes à attirer, avec leur part de mystère, un public international. Jeudi 7 avril, un groupe de travail composé d’architectes du patrimoine, archéologues, historiens, élus et services municipaux a préparé les arguments d’un dossier de demande d’inscription aux Monuments Historiques des vestiges de la cathédrale primitive d’Elne et des remparts de la ville. Le résultat de cette expertise sera connu en mai, préalablement à une nécessaire programmation de travaux.

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