204 photos inédites d’Argelès et du Barcarès lors de la Retirada de 1939
Nouvelles images de l'exode espagnol précédant la Seconde guerre mondiale
Les Archives nationales de Catalogne (ANC), située à Sant Cugat del Vallès, près de Barcelone, ont acquis à la mi-novembre un fonds documentaire parfaitement inédit, issu du studio de photographie perpignanais Auguste Chauvin. Cet ensemble de 204 clichés représente des scènes d’exode, de désarroi, de faim ou encore de ravitaillement, inscrites dans le contexte de la Retirada. Les hommes, femmes et enfants présents sur les routes de l’exil d’Espagne, d’un côté à l’autre de la Catalogne en passant par le Perthus, jusqu’à la plaine du Roussillon et aux rivages maritimes, composent l’essentiel de ces archives. On y retrouve le chaos, les soins sanitaires d’urgence prodigués aux réfugiés et aux soldats républicains vaincus. Les camps de concentration d’Argelès-sur-Mer et du Barcarès, aménagés sur ordre du gouvernement Daladier (classé à gauche), sont visibles de l’intérieur. Les abris de fortune face au froid intense, la surveillance effectuée par les gendarmes et les troupes coloniales sénégalaises, mais aussi la lessive quotidienne, les jeux de cartes et les séances de coiffure, illustrant la vie dans ces parcs humains, refond surface grâce à l’image. Un combat de boxe et la tentative d’ériger un castell sont même visibles. Le contexte des camps est précisé, notamment par une livraison massive de miches de pain aux prisonniers du camps argelésien.
Le photographe Auguste Chauvin (à ne pas confondre avec le peintre homonyme belge), posté sur les différents théâtres de faits consécutifs à la guerre civile espagnole (1936-1939), est l’un des grands témoins de la Retirada. Ce professionnel qui signera, en 1944, un reportage complet sur la Libération française de Perpignan, s’est largement consacré à immortaliser d’abord l’épisode franco-espagnol entamé le 26 janvier 1939. La Retirada, qui constitue le premier déplacement massif de population au XXe siècle, s’en trouve nouvellement éclairée par ces photos désormais mises à l’abri. Matériellement, il s’agit de négatifs sur supports de verre, consultables à partir de janvier sur le site des ANC. Sans doute, l’explorations détaillé de dd cette série documentaire permettra d’affiner la connaissance historique des faits entourant la période englobant l’avènement du régime franquiste, mais aussi l’accueil réservé par les nord-Catalans et les autorités politico-administratives aux quelque 500 000 républicains espagnols alors entrés en territoire français.
60 000 euros les 204 clichés
Les archives de Catalogne ont acheté ce fonds à un collectionneur anonyme pour la somme de 60 000 euros, soit 294 euros le cliché à l’unité. L’ensemble, en parfait état de conservation, est conditionné dans 14 boîtes portant le mention « Studio d’Art A. Chauvin. 13 Boulevard Clemenceau », correspondant à l’adresse du photographe, qui a notamment travaillé pour la presse de Perpignan, tout en tenant le rôle de correspondant du New York Times. L’essentiel du fonds Chauvin est conservé aux Archives départementales des Pyrénées-Orientales à Perpignan. Parmi différents supports, il comprend 24 négatifs sur verre, mais il n’existe pas de correspondances ni de doublons avec la collection qui vient d’être mise au jour.