Les évêques de Catalogne du Sud, traditionnellement sur la réserve au sujet des évolutions politiques de tous ordres, se prononcent désormais en faveur d’une émancipation catalane. Dans un document publié la semaine dernière, 14 prélats affirment « revendiquer les traits nationaux propres à la Catalogne », et suscitent par là même un problème à la Conférence Episcopale Espagnole, qui régit les ordres écclésiastiques de l’ensemble de l’Espagne. Ce texte a été présenté à l’occasion du 25e anniversaire de l’épiscopat catalan, organisé en 1985 sous le slogan « Racines chrétiennes de la Catalogne ». Intitulé « Au service de notre peuple », ce document, dans lequel les religieux affirment un « profond amour pour le pays », reconnaît « la personnalité et les traits nationaux propres » et « le sens authentique de l’expression ». Au-delà, les évêques défendent le droit de « promouvoir tout ce que cela comporte », et affirment que l’identité et la culture catalanes « ne peuvent être comprises sans la présence de la foi chrétienne ».
Les signataires du texte, au premier chef le cardinal Lluís Martínez Sistach, archevêque de Barcelone, insistent également sur le contexte européen, au sein duquel le peuple catalan « souhaite et peut apporter sa contribution, depuis sa spécificité, en s’enracinant dans son histoire, sa culture et sa langue millénaires ». On devine sans effort un engagement des hommes d’église dans le processus vers l’obtention de droits politiques accrus pour la Catalogne. Cette prise de position se manifeste au moment où le parti au pouvoir à la Generalitat de Catalunya, Convergence Démocratique de Catalogne (CDC), voit progresser à sa direction les générations favorables à l’indépendance. Prudents, les évêques préconisent un « chemin du dialogue et de l’entente », et défendent, dans une certaine dose de mystère, la « légitimité morale de l’ensemble des options politiques basées sur le respect et le droit inaliénable des personnes et des peuples, qui cherchent patiemment la paix et la justice ».
