La Clau
Pour la 1ère fois, l’ex-président Jordi Pujol défend l’indépendance de la Catalogne

Dans un long article publié ce mardi sur son blog, titré « Du Tribunal constitutionnel à l’indépendance. En passant par le Québec », l’ancien président du gouvernement catalan de 1980 à 2003, Jordi Pujol, défend pour la première fois l’option indépendantiste comme alternative la plus souhaitable pour le destin de la Catalogne. Figure de la transition historique post-franquiste, et architecte, entre autres, de la constitution espagnole de 1978 et du statut de la Catalogne, celui que l’on a surnommé le « Vice-roi d’Espagne » avait toujours défendu l’autonomisme de la Catalogne au sein de l’Espagne, sans jamais envisager la souveraineté, peu répandue chez les personnalités de sa génération. Mais M. Pujol, qui, à 80 ans, reste une autorité morale et intellectuelle respectée, fait le constat d’un modèle espagnol de plus en plus homogénéisateur, qui diminue les pouvoirs des communautés autonomes, dont la Catalogne. Madrid vise notamment la capacité financière de ces 17 territoires sous administration espagnole, dans une illustration évidente constituée par la profonde remise en cause du statut catalan de 2006 par le Tribunal Constitutionnel espagnol. Jordi Pujol, encore reconnu comme artisan de l’Espagne moderne par la participation catalane, franchit ainsi un pas, en affirmant que la Catalogne pourrait disparaître en tant que nation en quelques décennies, et que cet état de fait n’offre aucune autre alternative que l’indépendance.

Cette ligne tranchée défendue aujourd’hui par les secteurs catalans les plus modérés souligne l’échec de la construction institutionnelle espagnole moderne, désignée sous le terme « Café para todos » (du café pour tous), qui permettait à toutes les communautés autonomes et régions d’Espagne d’accéder au même statut d’autonomie, dans un fédéralisme inavoué, pour régler le problème des nations historiques que sont essentiellement la Catalogne et le Pays Basque. Ce modèle, défendu par les socialistes espagnols depuis la transition démocratique, est mis à mal par la crise et les difficultés budgétaires, qui imposerait une recentralisation de l’Espagne. Elle met surtout en lumière la persistance de l’hostilité historique du reste de l’Espagne vis à vis de l’altérité que représentent les nations catalanes et basques, par ailleurs moteurs économiques de l’Espagne.

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